Le Festival

Lancer un Festival de jazz à Loctudy : l’idée en a germé lors d’un diner d’août 2017. Le nord du Finistère avait son festival de jazz à Châteauneuf du Faou mais rien n’existait dans le sud du pays bigouden. Entretien avec Alain Marcheteau, directeur de la programmation.

 

Quel bilan tirez-vous des quatre éditions du festival « Jazz in Loc » ?

Le bilan est très positif. Le festival est bien lancé et fait maintenant partie des événements culturels de Loctudy, du pays bigouden et même du calendrier musical breton… et national.

Ce bilan se mesure d’abord à l’affluence des spectateurs qui s’accroit d’année en année et, ensuite, du nombre important de formations de jazz qui souhaitent venir s’y produire.

Donc vous montez en puissance chaque année ?

Exactement, dans la limite d’un budget encore modeste. Nous sommes une association sans ressources autres que celles de la billetterie et de celles que nous accordent quelques sponsors fidèles depuis le début (Crédit Mutuel de Bretagne, Arkea Capital, Bellocq Paysages, Villa Tri Men, Guyot Environnement). Nous leur sommes très reconnaissants pour leur engagement ; sans eux, Jazz in Loc n’existerait pas !

Pour attirer un nombre plus important d’artistes et faire plus de 4 concerts, nous avons besoin de plus de ressources malgré des recettes croissantes de billetterie. Un calcul simple illustre cette contrainte actuelle : avec 500 spectateurs par concert et une recette unitaire moyenne de 12 €/ spectateur – nous rassemblons 24 000 €, et si nous y ajoutons les ressources de mécénat et de sponsoring, notre budget global n’excède pas les 40 000€. Ceci ne permet pas de pouvoir inviter de grandes vedettes du Jazz mondial.

Nous nous en consolons en notant la grande qualité de nos musiciens français. Le public depuis 4 ans ne s’y est pas trompé, qui vient de plus en plus nombreux chaque année.

 

Quel a été jusqu’à présent le « fil directeur » de vos choix de programmation ?

Nous avons délibérément choisi de commencer par le jazz dit « des origines » : le jazz Nouvelle-Orléans, joyeux, dansant, facile d’accès, loin de tout ésotérisme et, à dire vrai, le fondement maître de la musique de jazz fondée sur l’improvisation collective, donc : blues, charleston…

La programmation suit la chronologie du développement du jazz. En 2018 : Hommage aux pionniers King Oliver et Louis Amstrong. En 2019 : Gospel avec Anne Sorgues, New-Orléans Jazz avec Éric Luter, le collectif Paris Swing et les Sweet Pepper, jeunes artistes pleins de talent. En 2021 : Hommage à quelques grands musiciens : Nat King Cole, avec la formation « 3 for Swing », les Andrews Sisters, avec les Sand Sisters, orchestre régional magnifique, Louis Prima, avec « Prima for ever », enfin Django Reinhardt, avec la formation de Romain Vuillemin. En 2022 : Hommage à Bix Beiderbecke par Malo Mazurié. Hommage à Sidney Bechet par Olivier et Jean-Baptiste Franc. Hommage à Joséphine Baker par Nicolle Rochelle. Hommage à Gorges Gershwin avec l’ensemble Saxo Voce et le pianiste Guillaume Cornut.

Ces 4 concerts de 2022 avaient vocation à illustrer ce que nous avons appelé « Les années charnières du Jazz » – courte période d’une dizaine d’années, disons 1920-1930 – marquée à la fois par l’expansion mondiale de cette toute nouvelle forme de musique : le Jazz et par l’appropriation de cet idiome tout neuf par le monde des compositeurs et musiciens blancs qui vont à leur tour l’enrichir.

Pourquoi le Jazz Nouvelle Orléans ?

Nous avons décidé de retenir la formule d’un festival limité à des concerts de jazz New Orleans (ou jazz traditionnel) pour le distinguer du jazz moderne et du free jazz. A la différence de ces deux derniers styles, assez ésotériques et rébarbatifs pour nombre d’auditeurs, le jazz New Orleans présente l’avantage d’être accessible à tous, joyeux et surtout dansant.

Le regain d’intérêt qu’il suscite est actuellement manifeste et ressemble à cet égard l’engouement qui s’est produit pour la musique dite « manouche ». Ce retour du jazz traditionnel est actuellement porté par la danse que redécouvrent les générations des 20-40 ans sous la forme de « lindy hop ». Tous les festivals de jazz traditionnel créés au cours des dernières années ont axé leurs efforts sur cette « clientèle » nouvelle, prête à se déplacer – et parfois venant de loin – pour danser ce « lindy hop » qui est une danse de rue née à Harlem vers la fin des années 20, mélange de charleston, de cakewalk, de swing et de boogie-woogie.

Soulignons enfin que le jazz traditionnel a bercé l’adolescence et le vingt ans – de 1944 aux années soixante – des générations plus âgées. Il suffit d’évoquer les grands noms de Louis Amstrong, de Duke Ellington, de Sidney Bechet (avec Petite Fleur, Le marchand de poissons, Dans les rues d’Antibes …).

Le jazz New Orleans se caractérise par le recours constant des musiciens à l’improvisation collective et la recherche d’une assise rythmique très dynamique. Les mélodies y sont simples à retenir et l’objectif poursuivi est bien une communication constante avec l’auditoire. En écoutant ce type de jazz – le blues, les gospels, le ragtime – l’envie vous vient irrésistiblement de taper dans les mains, de marquer le tempo avec ses pieds de fredonner la mélodie et de … danser !

Rappelons-nous que l’histoire du jazz commence le long des rives du Mississippi (« l’Ole Man River ») : une nouvelle musique naît spontanément, empruntant au blues, au ragtime aux musiques savantes importées d’Europe et aux musiques créoles locales. Elle est le parfait exemple de métissage musical.

Sa vitesse de conquête de la scène musicale mondiale est alors phénoménale. Le jazz est né en moins de dix ans – entre 1900 et 1910 – porté par les riverboats –bateaux plats à roue à aubes –descendant le Mississippi, hébergé dans les quartiers « chauds » de la Nouvelle Orléans puis atteint New York, Chicago et … l’Europe en 1917. Dans les années 20 à 30, toutes les opérettes jouées à Harlem et à Broadway sont construites autour du jazz New Orleans.

Sa vitesse de conquête de la scène musicale mondiale est alors phénoménale. Le jazz est né en moins de dix ans – entre 1900 et 1910 – porté par les riverboats –bateaux plats à roue à aubes –descendant le Mississippi, hébergé dans les quartiers « chauds » de la Nouvelle Orléans puis atteint New York, Chicago et …  l’Europe en 1917. Dans les années 20 à 30, toutes les opérettes jouées à Harlem et à Broadway sont construites autour du jazz New Orleans.

 

C’est cette belle histoire musicale que Jazz in Loc a l’ambition de célébrer chaque été au travers des concerts prévus.